#SurfPark : IMPUNITÉ D’UNE MILICE ET INVERSION DES RÔLES avec inculpation des victimes – Récit du 20 juillet 2019 et du précédent dangereux qu’il créé en France

Quand un groupe de riverain·es en colère se transforme en milice armée par l’entremise de (membres de) la FNSEA et d’élus locaux et avec la complicité des autorités. Le tout en totale impunité : le 23 mars 2021, ce sont les victimes qui comparaîtront devant le tribunal de Saint-Nazaire (77 Avenue Albert de Mun).

L’appel à soutien pour le 23 Mars à retrouver par ici : https://terres-communes.zici.fr/surfpark-rassemblement-en-soutien-aux-camarades-inculpes-le-23-mars-victimes-dune-milice-totalement-exemptee-de-charge/

Nous sommes le matin du samedi 20 Juillet 2019 à Saint Père en Retz et nous allons bientôt être confrontés à l’impensable. Cet épisode, qui en dit long sur la notion « d’État de droit », va traumatiser nombre d’entre nous. Il fait dangereusement écho aux périodes les plus sombres de notre histoire…

Ce matin là, nous sommes une quarantaine de bénévoles à préparer un festival de résistance au projet insensé de SurfPark de Saint-Père en Retz. Notre but : empêcher les travaux qui devaient commencer dès l’hiver 2020 en organisant un évènement sur les terres menacées par le projet. Au programme, des débats, de l’info, une cantine et une buvette, des concerts, des jeux pour enfants…

Pendant plusieurs semaines nous avons travaillé d’arrache-pied à créer des structures pour les différentes animations prévues. Un moment d’émulation comme on les aime : Tout le monde était motivé et déterminé à faire de ce week-end un temps fort de cette énième lutte pour la protection du vivant.

ACTE 1 : 11H

Arrivé la veille au soir sur le terrain, un groupe de bénévoles s’active sur l’implantation sous l’œil de la brigade de gendarmerie de Saint-Brévin, elle aussi arrivée la veille. Leur présence est presque rassurante…

Il faut dire que depuis quelques temps, un torrent de menaces de morts et de tentatives d’intimidations s’abat massivement sur nous via les réseaux sociaux. Durant les semaines et les mois précédents, la pression n’avait fait que monter. Elle peut se mesurer à l’aune des articles dans la presse locale. Nous appréhendions que des agriculteurs et des habitant·es du coin viennent en découdre. La violence, ce n’est clairement pas notre truc…

Extrait de l’article de Ouest-France paru le 18/07/2019. L’auteur s’est emmêlé les pinceaux, ce sont les pro-Surf Park, opposé·es à l’installation de la ZAP (et pas les « opposants au projet de Surf Park » qui cherchent à s’organiser pour occuper les terres de notre camarade.)
Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-pere-en-retz-44320/saint-pere-en-retz-surf-park-les-soutiens-au-projet-s-organisent-6449292
Une capture d’écran parmi d’autres
Une autre capture d’écran, toujours sur Facebook…

Alors quand au petit matin, le commandant de la brigade de Saint-Brévin nous a assuré qu’il ferait tout pour éviter un affrontement entre pro-surfpark et opposant·es au projet, nous avons (bien naïvement) voulu le croire. Bien sûr, nous savions que les forces de l’ordre allaient certainement nous expulser, mais cette option semblait plus « normale » à nos yeux. Après tout, ainsi va la lutte…

Il est 11h donc. Notre groupe est à l’extrémité du terrain la plus éloignée de la route départementale. À l’opposé de notre position, les gendarmes barrent l’accès à l’entrée principale du champ. C’est alors que nous apercevons un grand groupe (trente à quarante personnes) qui avance sur la départementale, accompagné de trois gros tracteurs tirant chacun une tonne à lisier.

L’inquiétude sévit dans nos rangs mais nous voulons croire en la parole du commandant de gendarmerie. Nous nous focalisons sur l’implantation car nous avons du pain sur la planche : Il faut encore terminer le montage des deux tunnels de culture qui feront office de scène et de cantine, agencer et brancher le matériel de sono prêté pour les concerts (ça chiffre à plusieurs milliers d’euros ce genre de matériel…).
Des associations et des collectifs amis nous rejoignent peu à peu et installent leurs stands. La manifestation partie à 14h du bourg de Saint Père devrait arriver entre 15h et 16h sur site. Quelques un·es d’entre nous se portent volontaires pour aller déjà à la rencontre des premières personnes qui arriveront.

Nous voulons avoir confiance mais nous sommes malgré tout sur nos gardes. Que se passerait-il si les pro-Surf-Park et leurs tracteurs passaient ? Nous envoyons un appel à soutiens sur les réseaux en espérant que des participant·es puissent vite nous rejoindre. Mais nous avons peu d’espoir : une autre manif a lieu à Nantes ce samedi matin et nombre de nos soutiens sont aussi de ce combat bien légitime. Si les pro-Surf Park passaient, nous devrions donc tenir à une petite quarantaine, gérer malgré un état de fatigue avancé. La pression devient écrasante à mesure que le temps passe et en dépit de tous nos efforts, l’angoisse nous tenaille de plus en plus fort.

Dix minutes plus tard, tout bascule : À l’autre bout du terrain, les gendarmes cèdent le passage aux pro-Surf Park. Le cortège avance sur nous, et on distingue dans des mains des bâtons, des marteaux. D’abord consterné·es, nous cédons très vite à la panique. En laissant le passage à ce groupe, la gendarmerie nous livre tout bonnement en pâture : Il n’y a plus rien à attendre d’elle, sinon qu’elle couvre une action milicienne d’expulsion.
Car ne sont plus des riverain·es en colère qui avancent sur nous, c’est une milice organisée, armée notamment de trois imposants tracteurs[1]. En donnant un blanc seing à des esprits déjà chauffés à blanc, la gendarmerie assure ce groupe de son bon droit et lui garantit une totale impunité.

Tout s’emballe. Quoi faire face à ça ? Comment protéger à la fois l’intégrité physique de tout le monde et préserver le matériel déjà installé ? Deux certitudes nous habitent :

1- Nous n’aurons pas le temps de démonter les installations et encore moins de tout mettre à l’abri avant que la milice soit sur nous.

2- Nous savons que des camarades refuseront de plier face à cette agression.

Alors que nous tentons de rassembler le groupe pour décider collectivement de quoi faire, nous réalisons que des camarades se hâtent de rejoindre le milieu du terrain en contrebas. Il y a là-bas une clôture qui sépare le champ de huit hectares en deux. L’accès à notre position se fait par un portail. Or, c’est à cet endroit précis que des camarades ont planté leurs tentes et laissé leurs effets personnels.

Iels auront conclu que s’interposer à la barrière était techniquement le mieux à faire mais cette stratégie ne faisait pas l’unanimité. Nous leur crions qu’il vaut mieux rester en groupe, tenter de protéger le matériel… En vain. Une dizaine d’entre nous prend la décision de les rejoindre pour « faire masse » et tenter ainsi d’éviter le pire. La milice et ses tracteurs sont déjà quasiment au niveau de la barrière.

Dans la précipitation, nous prenons ce que nous avons sous la main pour nous protéger et empêcher la milice d’avancer. Ça se résume principalement à des barres des tunnels (tous n’étaient pas montés) que nous tiendront horizontalement pour maintenir les pro-surfpark, leurs tracteurs à distance. A ce moment précis, nous avons encore l’espoir fou d’une intervention de la gendarmerie.

Nous ne pouvons plus reculer. Ça signifierait également mettre en danger des camarades qui tentent par tous les moyens de stopper l’avancée milicienne. Nous ne pouvons pas non plus laisser ce groupe violent détruire tout le matériel présent sur le site. Il n’y a pas de bonne décision. Nous faisons des choix par défaut pour limiter autant que possible la violence.

Tandis que nous rejoignions la barrière, des camarades resté·es en arrière s’époumonaient, enjoignant les gendarmes d’intervenir. La perspective d’un affrontement avait beau se préciser clairement, la trentaine de gendarmes, plantée sur le parking de la salle municipale, n’a pas daigné bouger le petit doigt. Pire encore, quand un camarade a interpellé le commandant de brigade de Saint Brévin en personne – le même qui, au petit matin, nous assurait qu’il empêcherait tout affrontement – sa réponse a été cinglante : « On va laisser faire, démerdez vous ! ».

Nous approchons du lieu où tout va se jouer. Les quatre ou cinq camarades qui nous ont précédé·es sont déjà à la barrière et tentent de discuter, mais très vite du côté des pro-Surf Park, les insultes et autres invectives fusent. Soudain, le groupe de tête de la milice qui a devancé les tracteurs bouscule les nôtres. Comme les tracteurs continuent d’avancer en voulant forcer le barrage improvisé, un camarade tente de s’interposer face à l’un d’entre eux. Le conducteur ne ralentira même pas et notre ami se dégagera in extremis . Cette scène nous donne des ailes. Nous accélérons de toutes nos forces pour tenter de mettre fin à cette situation périlleuse pour les camarades isolé·es.

Nous sommes alors une quinzaine. Face à nous, plus d’une trentaine de milicien·nes et leurs imposants tracteurs. La majorité des bénévoles a préféré ne pas nous suivre, soit par peur de l’affrontement, soit par volonté de ne pas envenimer la situation par un effet de masse.

La situation est encore plus grave que nous ne pouvions l’imaginer : N’importe qui peut se faire écraser n’importe quand. C’est trop : La colère monte, mêlée à la peur qui nous tenaillait déjà trop fort et à un sentiment d’injustice terrible. La fatigue accumulée aidant, nous sombrons dans un état second : avoir du recul, garder son sang froid devient très compliqué.
Pourtant, certain·es d’entre trouvent encore la ressource pour gérer la situation : des camarades ouvertement menacé·es de mort sont exfiltré·es. D’autres font barrage de leurs corps pour protéger celles et ceux qui s’étaient positionné·es devant les roues d’un des tracteurs. D’autres encore tentent de parlementer avec les pro-Surf Park les moins énervé·es. Soulignons ici que des représentants de la FNSEA et des élus étaient présents dans les rangs de la milice

10 minutes de confusion totale


Nous vous proposons ici le point de vue des personnes qui ont trouvé la force de témoigner de ce qu’elles ont vécu ce samedi là, face à la milice et à la stratégie policière. Cette partie évoluera au fil de l’arrivée des témoignages.

La scène du point de vue de Yoann :

Je fais partie des personnes mises à l’écart par des camarades car ciblées par des menaces de mort. Depuis environ 5 minutes la tension était déjà bien présente et plusieurs camarades sont passé·es à deux doigts de se faire écraser par le tracteur de tête sans que les gendarmes n’interviennent. C’est sur la fin (au bout de 10 minutes), lorsque la tension a inévitablement débouché sur un affrontement que la gendarmerie a finalement commencé à avancer mais sans se presser…

Nous sommes sidéré·es de voir les gendarmes parcourir la distance au ralenti, sur un pas de balade alors que les coups s’échangent entre une partie des milicien·nes et des camarades. Depuis dix minutes, j’ai vu plusieurs personnes, des ami·es, échapper de peu aux roues des tracteurs. Une fois les gendarmes arrivés, la situation s’apaise rapidement, personne ne montre de résistance et les camarades pris dans la foule des miliciens finissent par revenir vers nous. Notre groupe et celui des pro-surf park, séparés par une dizaine de gendarmes, s’observent en chien de faïence.

Nous avons agi dans la panique, dans un premier temps pour sauver les camarades qui se mettaient en danger, puis pour bloquer la milice avant qu’elle n’arrive sur le site du festival et s’en prenne au matériel. Si nous étions venus pour en découdre, l’affrontement aurait commencé dès le départ. Or, dès le début et tout du long de ces événements terribles, nous avons tout fait pour discuter, leur demander de s’arrêter où ils étaient, tout en continuant d’interpeller la gendarmerie qui nous regardait nous débattre dans notre panique en toute complicité de la milice… La volonté d’affrontement venait bien du camp d’en face venu en découdre sur le terrain du projet, milice qui a tout fait pour forcer notre barrage improvisé notamment à l’aide d’un des tracteurs !

La balade des gendarmes
Vue sous un autre angle…
On sent la précipitation…
Les gendarmes finissent par s’interposer

Notre intention en allant à leur encontre n’était pas d’aller à l’affrontement comme ça a pu être dit dans la presse le jour même (au passage, précisons que les journalistes ne nous ont pas interrogé·es…).

Nous voulions installer au plus vite un rapport de force important au projet. Le projet avait été connu tardivement, moins d’un an avant les travaux annoncés à l’automne, les recours juridiques engagés n’avaient aucune chance de stopper le projet (recours gracieux), la lutte commençait tout juste à prendre de l’ampleur et nous ne pouvions espérer aucune résistance forte de la part des habitant-e-s du Pays de Retz plutôt pro-projets destructeurs au nom de l’emploi ou majoritairement passifs : nous avions absolument besoin de soutiens extérieurs pour stopper ce projet. Nous prenions un risque assumé en organisant un festival sur ce terrain et en annonçant à l’avance la possibilité que des soutiens venu-e-s de l’extérieur occupent à la suite de ce festival le terrain. C’était un gros risque, d’autant que j’avais déjà reçu des menaces de mort auparavant, mais pour préserver les ressources du territoire, pour empêcher un nouveau carnage dans ce monde qui part en vrille nous étions prêts à l’assumer.

Et même si par la suite, nous fûmes ostracisés par une partie des opposant-e-s au projet suite à ce qui s’est passé ce 20 Juillet 2019, nous savions qu’il n’y avait pas beaucoup d’autre moyen que d’engager un rapport de force radical et risqué pour stopper ce projet (et la suite nous a donné raison puisque suite aux évènements du week-end et à sa médiatisation importante, le projet de Surf Park a été stoppé et est à ce jour officieusement annulé). Une belle victoire mais qu’on a payé au prix fort le 20 Juillet et par la suite…

Si le commandant nous avait dit dès le début qu’il n’empêcherait aucune tentative violente et illégale d’expulsion, nous aurions sans aucun doute déplacé le festival de résistance à un autre endroit…

Naîfs on l’a été, et bien mal nous a en a pris. Mais personne n’aurait non plus pu envisager ce qui nous attendrait en cette matinée du 20 Juillet 2019 et qui allait préfigurer également de l’expulsion et de l’incendie par une milice, également couverte par les autorités, de la ZAD de la Dune à Brétignolles un an plus tard… Le contexte a changé en France, et on allait en payer les frais. Peu fiers de devenir un état de plus autoritaire et liberticide, l’Etat Français ne se gêne maintenant plus pour s’appuyer sur des milices pour l’aider dans son sale boulot de répression du moindre mouvement de contestation… Un sale relent des années 30 qu’on allait prendre en pleine gueule et qui se poursuit aujourd’hui par un procès à mon encontre et envers 3 autres bénévoles.


 D’autres témoignages devraient suivre d’ici le 23 Mars


Quelqu’un·es d’entre nous trouvent encore la ressource pour discuter avec les milicien·nes plus calmes sous la houlette des gendarmes. Voyant que la situation s’est apaisée, une grande partie de notre groupe remonte vers le site du festival. Les bénévoles resté·es en nombre là-haut sont aussi sous le choc. Tout notre groupe est traumatisé parce qui vient de se passer.

Deux options s’offrent alors à nous : plier bagage ou continuer le montage en attendant que la manifestation nous rejoigne. Plusieurs d’entre nous ne veulent rien lâcher et ainsi montrer que nous ne céderons pas, même après cette tentative violente et illégale d’expulsion. Après tout, les gendarmes ont fini par remplir leur fonction et ont l’air de s’y tenir cette fois, puis le cortège ne devrait plus tarder.

Mais la peur et la colère, mêlées au traumatisme vécu, sont dans tous les esprits et compliquent la prise de décision. Au bout d’une heure, nous actons une décision : on continue le montage du festival en attendant nos soutiens. À la barrière, les gendarmes restent sur place mais les rangs de la milice gonflent : elle comptera une soixantaine de personnes à la fin des événements…

La plupart d’entre nous ne se souviennent pas clairement de ces 10 minutes de tension puis d’un affrontement final qui a commencé on ne sait plus trop comment, avant finalement intervention des gendarmes. Tout est confus, baigné dans le choc du traumatisme subi et de la rapidité de l’enchainement des évènements. Ces 10 minutes ont été longues, affreusement longues et en même temps après recul cela ne nous parait avoir duré qu’un instant.

Acte II : 14H

Nous avons quasiment fini de monter les installations tout en gardant un œil sur la milice campée à une centaine de mètres. Nous nous sentons encore isolé·es, sous le choc, et la panique n’est toujours pas redescendue. Une grande partie des manifestant·es ignorent tout de la situation et le cortège tarde à arriver… Des bénévoles sont parti·es à leur rencontre pour les informer de la situation afin que la manifestation hâte le pas. Malheureusement il sera trop tard…

Soudain, on voit arriver des camions de la gendarmerie mobile et du PSIG. Ils se garent sur le parking de la salle municipale, à côté des gendarmes locaux stationné·es depuis le matin.  Le cordon formé par la gendarmerie locale quitte ses positions. Les quelques camarades resté·es là-bas pour tenter d’apaiser la situation tournent les talons et se précipitent vers nous à toutes jambes.

Arrivée du PSIG par le haut du terrain

Les gendarmes mobiles et le PSIG arrivent en force en haut du terrain et au même moment la milice recommence à avancer sur nous. Les deux groupes convergent alors. Nous hallucinons face à la symbolique crue qui se manifeste face à nous : la jonction assumée entre un groupe de « riverain·es » prêt à recourir à la violence pour se faire justice et les forces de l’ordre, garantes de l’État dit de droit.

La consternation gagne une nouvelle fois nos rangs déjà très éprouvés par les premiers événements de cette journée ahurissante. Nous sommes littéralement assommé·es, vides de toute énergie combative. Il ne nous reste plus qu’à attendre que les gendarmes viennent à notre encontre. Nous savons que nous risquons une expulsion immédiate par la force, mais nous sommes vidé·es, incapables d’y résister à cette expulsion une nouvelle fois illégale.

La commandante de la gendarmerie de Pornic et du Pays de Retz dans son ensemble veut interpeller Yoann mais il n’obtempère pas. Hagard, il est en état de choc. Il a été la cible privilégiée des menaces proférées par des collègues agriculteurs : menaces de mort, d’incendie de sa ferme. Il a aussi été particulièrement visé par les coups des pro-Surf Park. Yoann n’arrive même plus à comprendre ce qui se passe.

Voyant cela, quelques camarades avancent vers la commandante pour connaître les motifs de cette interpellation et s’y opposer. La réponse faite à Yoann est la suivante : « Vous aurez les détails si vous venez, mais il s’agit d’occupation illicite d’un terrain et pour participation à un attroupement armé ».

Yoann, principal porte-parole du collectif Terres Communes, est clairement visé ce jour là et le sera par la suite pendant plusieurs mois dans le Pays de Retz. Le collectif Terres Communes a beau être autogéré, il faut toujours un responsable dans la logique des autorités et des milicien·nes

Le refus de livrer Yoann est unanime et la tension monte. C’est alors qu’un membre du collectif propose en intermédiation de déménager le festival en échange de sa non-interpellation. En parallèle de cette scène houleuse, la manifestation arrive sur place. Mais bien que les soutiens soient de plus en plus nombreux, le rapport de force joue contre nous : le festival de résistance au Surf Park ne pourra pas avoir lieu sur le site du projet. Pour autant, personne n’accepte l’idée d’une annulation.


PSIG et pro-Surf Park sont maintenant au niveau des installations

Les pro-Surf Park ne sont plus qu’à une dizaine de mètres. Iels nous cernent et se rient de nous. Les quolibets et autres insultes fusent en notre direction sous l’œil bienveillant des gendarmes. Certains uniformes iront jusqu’à discuter cordialement avec eux.

Les riverain·es milicien·nes se délectent du spectacle

Les gendarmes ne nous accordent qu’une heure pour le démontage et refusent de laisser entrer les manifestant·es qui veulent nous prêter main forte pour aller plus vite. Hubert propose de se replier sur sa ferme. Malgré l’épuisement, nous trouvons la force de déménager une grande partie des installations et du matériel dans le temps imparti, mais trop peu de camions présents : Il était impossible de tout emporter. Cela nous vaudra d’être désigné·es comme de « faux écolos » sur les réseaux sociaux, et dans la presse dès les jours qui ont suivi…

Dans Saint Père en Retz, la milice règne également

En parallèle de ce que nous avons vécu sur place, d’autres faits graves se sont déroulés dans les rues du bourg de Saint-Père-en-Retz.

A vélo, à scooter, à mobylette, en voiture ou à pied, plusieurs dizaines de Pérézien·nes et d’habitant·es des communes environnantes ont fait leur propre loi, sillonnant le secteur durant plusieurs heures. Nos soutiens ont fait l’objet de fouilles sauvages de véhicules, de menaces de mort et de nombreuses intimidations. Des barrages ont été organisés par cette milice sur les routes, générant un climat nauséabond dans Saint Père en Retz. Les gendarmes pourtant présent·es dans le bourg ont, là encore, laissé faire. L’impunité dont a joui cette milice laissera sans aucun doute des traces dans l’histoire locale.
Cette ambiance de Far West, a été encouragée et entretenue par le maire lui-même, au travers de ses propos repris dans plusieurs articles de la presse locale ainsi que sur la page Facebook de la mairie.

Cf notre lettre ouverte au Maire de Saint Père en Retz ICI


Le festival continuera malgré tout et ZAP la vague !

Un membre du collectif Terres Communes propose peu de temps après le début du démontage du festival sur le terrain du projet du Surf Park d’organiser le festival sur sa ferme. Nous sommes à bout et nous serrons les dents mais nous arrivons à retrouver la force de déménager la majorité des installations et du matériel dans le peu de camions présents en moins d’une heure (il nous avait fallu plusieurs heures depuis le petit matin pour les monter…). Nous n’avons pas d’autres choix que de laisser une partie du matériel sur place faute de véhicules. Plus tard sur les réseaux sociaux on nous traitera de « faux écolos » pour avoir laissé « des déchets » sur place. Ces accusations seront reprises dans la presse locale.

Une fois sur la ferme d’Hubert, tout le monde peut mettre la main à la pâte et le remontage des installations sera fait en moins d’une heure. Après avoir laissé la place nécessaire aux témoignages des victimes de cette agression, les festivités ont pu commencer. Plusieurs centaines de personnes convergeront dans la journée vers ce nouveau lieu communiqué à la hâte. Au fil des débats et concerts qui ont animé ces deux jours, nous arriveront à mettre de côté, au moins momentanément, les souvenirs effroyables de cette journée.

Avec le recul, nous avons la certitude que la violence de ce qui s’est abattue sur nous ce jour là a été déterminante pour la lutte. L’énergie collective qui animait la ferme d’Hubert sur les deux jours de festivités était d’une rare intensité.
Le lendemain, des soutiens se sont implantés sur le terrain d’un paysan membre de Terres Communes, à Chauvé, en limite de Saint Père en Retz. ZAP la vague prendra racine et la résistance gagnera en force jusqu’à la suspension du projet.

À la lumière de ces événements, nous avons pris conscience de notre naïveté face au rouleau compresseur du profit immédiat.

Plusieurs personnes parmi nous font l’objet de poursuites judiciaires pour des faits de violence en réunion. Le procès se tiendra le 23 mars prochain à partir de 14 heures au tribunal de Saint-Nazaire.


Des vidéos de la poursuite du week-end sur la ferme d’un des membres du collectif, dont des témoignages à chaud de personnes ayant vécu l’épisode traumatisant dans la matinée :

Témoignages de personnes ayant vécu la journée traumatisante captés par un média radio :

Un élu local a participé à l’expulsion et reconnaît que l’action était illégale !

Ses aveux sont filmés par le média indépendant Vécu.

Les aveux de l’élu commence à environ 9 minutes

Pascal Évain, conseiller municipal de Saint Père en Retz , était présent dans la milice. Plus serein que beaucoup de ses accolytes il va aller au contact des manifestant·es qui se massent devant le champ à défaut de pouvoir y entre. Il cherche le dialogue et tente de défendre cette intervention. Il admettra avoir participé et soutenu une expulsion illégale. Expulsion durant laquelle il s’en est fallu de peu que quelqu’un· passe sous les roues d’un des tracteurs1 !

Voici quelques extraits de son propos, tirés de la vidéo de Vécu

« Aujourd’hui, l’idée c’était d’interdire, de stopper une ZAD, on ne voulait pas de ZAD »

« On défend pas le projet aujourd’hui, on défend (s’oppose à) la prise du terrain »

Oui, vous avez bien lu, un élu censé représenter le fameux « Etat de droit », garantir la paix sur son territoire, avoue que le but de l’opération milicienne du 20 Juillet 2019 était « d’interdire d’une ZAD ». Monsieur Evain est bien honnête… Mais à bien regarder les moyens mis en œuvre pour cette opération (tracteurs et tonnes à lisier, bâtons, marteaux) tout comme la communication communale, on se demande comment il imaginait éviter les violences ! Et si encore Monsieur Évain était le seul élu présent…
Mais non! Sylvain Scherrer, l’actuel maire de Frossay et fervent défenseur du projet industriel du Carnet était aussi de la partie. Lui qui est allé jusqu’à se payer des cours d’ULM pour pouvoir survoler la zone, passe son temps à cracher son venin dans la presse sur les camarades de la ZAD du Carnet.

Le rôle de la mairie de Saint-Père dans l’organisation de cette opération, la présence des élus lors de l’expulsion illégale, tout cela nous pousse à nous questionner sur la définition qu’ont c’est responsables politiques de leur fameux et si précieux « État de droit ». C’est pourtant nous qui passerons pour le camp agresseur dans la presse locale. Et ce sont nos camarades qui seront devant la justice dans moins de trois semaines !

En procédant comme ils l’ont fait, ces élus ont estimé que « l’État de droit » n’était pas à la hauteur et qu’ils devaient faire justice eux-mêmes. Ils ont instrumentalisé les peurs des riverain·es (mot anodin qui est devenu un vrai concept depuis l’ère sarkoziste) pour organiser une force supplétive de la force publique.

Du rôle de la presse locale dans ce climat de terreur

La presse locale a, par fainéantise ou par complaisance, joué un rôle de stigmatisation envers nous, de maintien des menaces à l’encontre de nombre de camarades les mois qui ont suivi en n’enquêtant jamais véritablement sur les faits.

Déjà avant le 20 juillet, c’est par voie de presse que nous avons eu connaissance des projets de la mairie et des pro-Surf Park. Les intentions, d’où qu’elles soient, n’avaient donc rien de spontané.
La même presse locale s’est ensuite appliquée à relayer la parole du maire pérézien, lui offrant un espace où il pouvait continuer à défendre mordicus l’action milicienne du 20 Juillet.

On est en droit d’attendre des journalistes une information de qualité et ce type de denrée ne s’obtient qu’en confrontant les versions et les faits, en se renseignant sur le caractère légal ou non d’une action… Entre autres ! Nous en demandons peut-être trop, mais selon nous, le métier de journaliste ne se limite pas à l’action de retranscrire les discours des autorités. Nulle part nous n’avons lu que la présence des tracteurs était très dangereuse et aurait pu engendrer de graves conséquences. Pourtant, dans l’histoire récente Nous avons aussi trouvé des ressources indiquant que l’expulsion n’était pas un acte spontané de l’agriculteur exploitant le terrain et de ses quelques amis mais bien un acte organisé et prémédité en en connaissant les risques, notamment de la part des élus et de la FNSEA.

Du rôle majeur de la FNSEA dans cette opération milicienne

Tiens parlons en de la FNSEA d’ailleurs, ce syndicat productiviste censé défendre les agriculteurs mais qui rêve d’une agriculture à l’américaine et qui étrangle davantage un peu plus ses adhérents aveugles et bernés en promouvant une libéralisation des marchés agricoles et une course à l’investissement/endettement.

Si cette action milicienne a pu se dérouler ce 20 Juillet, c’est principalement du fait de l’appui de la FNSEA 44 qui avait la dent dure contre le collectif Terres Communes qui était le principal organisateur du festival de résistance au projet du SurfPark. C’est la FNSEA locale qui a appelé ses adhérent-e-s à venir ce jour là et a aidé à trouver les tracteurs avec tonnes à lisier.

En effet, durant l’automne 2018, le collectif Terres Communes va organiser deux mobilisations et lancer l’alerte sur un accaparement massif de terres agricoles par un agriculteur céréalier (rachat prévu de 4 fermes laitières, 420 ha au total sur Pornic et la Plaine sur mer) au détriment de jeunes porteurs de projets paysans.

Le tout soutenu par la FNSEA qui via la SAFER va tout faire pour dissuader les jeunes de récupérer quelques parcelles (ou alors de les obliger à payer des formes de pots de vin).

Une véritable mafia qui a été relayé par la presse et dans les réseaux paysans et qui a fait du collectif Terres Communes l’ennemi numéro un (comment la FNSEA pouvait expliquer à sa majorité d’adhérent-e-s qu’elle avait soutenu le rachat de 4 fermes laitières par un céréalier tandis qu’elle communique à ses adhérent-e-s la défense de l’élevage laitier (majoritaire dans le 44) et sa lutte contre l’accaparement des terres)…

Plus d’infos sur ce dossier par ici : https://terres-communes.zici.fr/?s=safer

Un dossier qui la gênait énormément d’autant que nous étions à quelques semaines seulement des élections à la chambre d’agriculture et que la confédération paysanne pouvait gagner les élections. Pour vous donner l’idée de la menace que représentait le collectif Terres Communes pour la FNSEA 44, lors de la 2ème manifestation contre la mafia autour de cet accaparement de terres à la chambre d’agriculture de Nantes, la FNSEA décide de demander à tous les salariés de ne pas venir ce jour là, mobilise le préfet qui va déployer 11 cars de CRS devant la chambre d’agriculture pour… une centaine de manifestant-e-s, et va déménager tous les dossier de la SAFER provisoirement dans un autre lieu (preuve qu’il y a avait beaucoup à cacher et pas que sur ce dossier) !

La FNSEA avait donc la dent dure et elle allait trouver l’occasion de nous le faire payer, lorsque plusieurs jours avant le 20 Juillet 2019, l’agriculteur exploitant du terrain du projet de Surf Park est venu leur demander leur appui pour empêcher l’implantation du festival de résistance au Surf Park sur son terrain. La FNSEA 44 va alors mobiliser ses réseaux pour trouver tracteurs et agriculteurs du Pays de Retz pour l’opération d’expulsion.

Nous ne le saurons que quelques jours après par des tweets et communiqué de leur part que la FNSEA avait donc grandement participé à l’organisation de cette opération milicienne.

De l’agriculteur du terrain du projet de Surf Park

C’est également l’occasion de parler de l’agriculteur exploitant les terres du projet de Surf Park. Il en a été beaucoup dit et la principale justification qu’ont trouvé les milicien-ne-s, les élu-e-s et la FNSEA à leur opération violente et illégale était la justification de protéger l’activité agricole de l’agriculteur menacé par la possible implantation d’une ZAD.

Il faut déjà savoir que l’agriculteur avait déjà accepté plusieurs mois auparavant de toucher les indemnités d’éviction et qu’il ne voyait aucun problème à voir ses terres être détruites puis bétonnés à la fin de l’année 2019 (c’est-à-dire seulement quelques mois après la tenue du festival), qu’il n’en était pas le propriétaire et que les 3 propriétaires des terrains étaient en train de passer un accord pour les vendre à la société porteuse du projet de Surf Park (vente confirmée en Septembre 2019). L’agriculteur ne voyait donc aucun problème à voir ses terres être détruites quelques mois après la tenue du festival, mais cependant voyait un problème à l’implantation possible d’une ZAD sur une partie seulement de son terrain… qui visait justement à protéger ses terres cultivables d’une destruction irréversible ! D’une logique sans nom…

Un membre du collectif Terres Communes avait par ailleurs rencontré l’agriculteur en Juin 2019 sur sa ferme lors d’une médiation organisée par des membres de l’association Pays de Retz Environnement (cette association même qui va nous calomnier publiquement dans la presse sans même entendre notre version des faits la semaine suivant le traumatisme que nous avions subi le 20 Juillet…). Lors de cette rencontre, il avait été proposé à l’agriculteur de l’aider en contrepartie de l’impact que pourrait avoir une occupation potentielle d’une partie du terrain du projet de Surf Park jusqu’à annulation du projet. Il a bien été précisé lors de cette rencontre que la volonté du collectif Terres Communes (d’autant qu’il était composé majoritairement de paysan-ne-s) n’était pas d’impacter son activité mais bien de défendre ses terres d’un bétonnage irrémédiable. C’est justement à ce moment là qu’il confirmera qu’il ne voyait aucun problème à ce bétonnage et donc à la destruction des terres qu’il exploite, mais nous prévient qu’il empêchera l’installation d’une occupation de ses terrains jusqu’à leur destruction…

De l’illégalité de cette opération milicienne d’expulsion

Couvert par les autorités (sans aucune inculpation à ce jour d’un seul des participant-e-s de la milice), cette opération milicienne était pourtant complètement illégale. Le plus ironique est que c’est un article de la revue de la chambre d’agriculture du 44 (la voix de la FNSEA, où sera également publié l’aveu de leur participation à l’organisation de l’opération d’expulsion) qui va nous donner les arguments juridiques s’y attenant. Paru deux semaines après l’opération d’expulsion, cet article montre clairement en quoi un agriculteur ne peut par lui-même expulser une quelconque occupation de son terrain (et encore moins faire appel à une milice) et que contrairement à un terrain privé, l’appel à la justice pour l’expulsion est obligatoire et toute expulsion par soi-même ou à l’aide d’autrui est un délit !

Et ce n’est pas pour rien que cela est considéré comme un délit : c’est justement pour éviter d’en arriver à des situations dangereuses telle que celle que l’on a vécu le 20 Juillet !

Bien sûr aucun relais de la presse de ce délit et à ce jour aucune accusation à l’encontre de l’agriculteur et des autres milcien-ne-s…

De la mobilisation du 27 Juillet et du déchainement de haine d’une partie de la population locale

Parce que nous ne pouvions supporter ce climat de terreur et de haine couvert par les autorités et encouragé par les élus locaux, nous décidions quelques jours après les évènements du 20 Juillet d’appeler à une mobilisation contre le projet de Surf Park et contre l’ambiance milicienne qui s’était installé dans le Pays de Retz. Ce samedi 27 Juillet va montrer à quel point une partie de la population locale était bel et bien engoncé dans les préjugés, la haine et la bêtise. Mais cela ne serait pas arrivé si encore une fois les élus locaux et la presse locale n’avait pas encouragé ou couvert les faits graves du 20 Juillet !

L’idée était d’occuper la place publique devant la mairie de Saint Père en Retz en organisant une agora et un espace pour des témoignages des personnes ayant vécu le traumatisme du 20 Juillet.

Très vite cependant nous voyons arriver autour de la place des personnes venu-e-s clairement en découdre ou nous intimider. Malgré le fait que la gendarmerie présente ne va jamais empêcher ces personnes venues avec de la haine (comme le prouveront plusieurs vidéos prises ce jour là par la presse et par nous-mêmes) de nous violenter ou de calmer le jeu, nous parvenons par nous-mêmes à apaiser la situation. Mais rappelez-vous, pour la presse, les élu-s locaux, la FNSEA et nombre d’habitant-e-s du coin nous sommes de dangereux et violents extrémistes… sic !

https://www.facebook.com/347569639246762/videos/2524914454239036

https://www.facebook.com/347569639246762/videos/430786394446169

https://www.facebook.com/zaplavague/videos/478607576264813

https://www.facebook.com/zaplavague/videos/357445898260458

https://www.facebook.com/347569639246762/videos/475360256622505

Mais plus question de revenir sur le terrain du projet de Surf Park pour autant, avec tous les risques que cela comportait pour nous, à part si annonce imminente de travaux. De toute manière, du fait paradoxalement de de ces évènements violents et de l’absurdité révélé du projet de Surf Park, la presse locale et surtout nationale va s’emparer du sujet (quasiment tous les médias nationaux traiteront du projet et de notre résistance suite aux évènements du 20 Juillet). Un braquet médiatique dont se seraient bien passés les porteurs de projet et qui va obliger le département ainsi que le préfet à bouger et à finalement remettre en cause le projet. Le 20 Juillet permettra donc en grande partie la victoire contre ce projet, mais va provoquer l’isolement local et la poursuite de fortes menaces contre les membres du collectif Terres Communes.

En effet, sur les réseaux sociaux et dans les caves et bars du coin vont se déchainer des appels à occuper, incendier ou à s’en prendre personnellement aux membres du collectif Terres Communes, notamment d’eux d’entre eux, paysans bio à Chauvé (commune limitrophe de Saint Père en Retz). L’un d’entre eux, Yoann, traumatisé par ce qu’il a vécu et par la poursuite de ce climat de violence (entretenu par ailleurs par le maire de Saint Père en Retz dans la presse locale), va par ailleurs finir par mettre en pause son activité paysanne durant près d’un an et envisagera également de partir définitivement du Pays de Retz.

Un exemple des menaces reçues :

La quasi intégralité des menaces reçues via les réseaux sociaux par ici :

Plusieurs membres du collectif vont également décider de quitter le collectif pour mettre en pause leur engagement militant, ne pouvant plus tenir moralement. Une partie de la famille des paysan-ne-s menacés, habitant à Saint Père en Retz, va se retrouver également menacé et isolé par une partie des habitant-e-s de Saint Père en Retz du simple fait qu’ils sont de la famille de membres du collectif ! Des opposant-e-s au projet ne faisant pas parti du collectif vont également vivre dans la peur durant des mois du fait de menaces parfois entendues à leur encontre dans la rue.

Un véritable climat de terreur qui va donc se poursuivre durant plusieurs mois, sans que les autorités n’interviennent (à part par quelques patrouilles) et que les maires apaisent la situation (ils souffleront au contraire sur les braises…).

Au bout de quelques mois cependant, la situation finit par s’apaiser, d’autant que le projet de Surf Park commence à couler tout doucement et que l’alerte et la mobilisation est maintenant focalisé par le collectif Terres Communes sur un nouveau projet destructeur dans le Pays de Retz : celui du Carnet en bord de Loire (peu de temps après la 1ère mobilisation lancé par le collectif au Carnet le 1er Décembre 2019, le collectif Stop Carnet se formera et la suite vous la connaissez 😊).

Concernant la participation de la mairie de Saint Père en Retz au climat de haine et de terreur qui va règner après le 20 Juillet envers les opposant-e-s au Surf Park, voir notre lettre ouverte au maire de Saint Père en Retz

La gendarmerie convoque et inculpe… les victimes de l’agression !

Ce samedi pérézien nauséabond a des suites : le 23 mars 2021, trois membres de Terres Communes ainsi que deux sympathisants, comparaîtront devant le tribunal de Saint-Nazaire à partir de 14 heures.  L’issue de ce procès sera selon nous déterminante pour d’autres luttes tant à l’échelle locale qu’au delà.

C’est un procès politique qui se dessine dans moins d’un mois et nous n’avons aucune certitude quant à la qualité du contradictoire qui y prendra place. Nous allons ici revenir sur la manière dont a été traité le dossier et nous permettront d’exprimer ici ce que nous ne sommes pas sûr·es de pouvoir dire au moment de l’audience.

Quelques jours après les événements du 20 juillet 2019, Yoann reçoit une convocation de la gendarmerie de Saint-Brévin. On lui reproche la dégradation d’une clôture, l’occupation illicite d’un terrain et des violences à l’encontre de l’agriculteur locataire du terrain. Ce dernier cible Yoann, non parce qu’il est l’auteur des violences, mais parce qu’on le considère comme responsable du festival. Rappelons qu’au sein de Terres Communes  fonctionne en autogestion : les décisions sont prises et portées collectivement et il n’y a donc pas de chef·fe.

Arrivé à la gendarmerie, Yoann constate que deux enquêteurs dédiés à son cas renforcent l’effectif des gendarmes locaux. Cela laisse entrevoir que la préfecture suit de près le dossier et augure fortement d’une enquête à charge vouée à couper les moyens d’actions du collectif Terres Communes. Yoann se refuse donc à porter plainte pour les tentatives de coup portés à son encontre, les menaces de mort et les diffamations en cascade. Il ne peut pas imaginer que dans ces conditions, les plaintes débouchent sur quoi que ce soit de bon pour le collectif.

Son père, membre également du collectif Terres Communes ainsi que des bénévoles présents ce fameux samedi dans le bourg de Saint Père en Retz, vont malgré tout décider de porter plainte contre X, contre des participant-e-s à la milice, contre les autorités, mais à ce jour sans aucune suite (la preuve de la totale impartialité de leur soi-disant Etat de droit !).

A ce jour, aucune suite à ces plaintes et pas une mention dans le dossier d’accusation…

Les camarades blessés lors de l’affrontement du 20 Juillet se refusent à porter plainte malgré la gravité des actes des pro-Surf Park (certain·es ont reçu des coups de marteau, et rappelons que d’autres ont de peu évité de passer sous les roues des tracteurs…). En sachant qu’il y a de forts risques que les plaintes ne soient pas prises en compte et que les camarades soient ensuite inculpés : la suite des évènements leur donnera raison, notamment au vu de l’orientation du dossier d’accusation…

Yoann est resté sans nouvelles de nombreux mois après cette convocation.

Début juin 2020, ce sont deux membres du collectif et deux sympathisants qui sont à leur tour convoqués, dont Yoann et Hubert. Tous se présentent à la gendarmerie et sont placés en garde à vue durant huit heures.
Les chefs d’inculpations à leur encontre sont les suivants :

Délit de s’être rendu à Saint Père en Retz, entre le 19 Juillet et le 20 Juillet 2019, sans être en mesure de justifier de l’autorisation du propriétaire ou  du titulaire du droit d’usage, installé en réunion et en vue d’y établir son habitation, même temporaire sur le terrain appartenant à Monsieur B. J. exploité en fermage par Monsieur R. S.

Délit d’avoir volontairement commis des violences en réunion avec menace ou port d’une arme avec incapacité de travail inférieure à 8 jours sur 3 personnes et 1 incapacité de travail supérieure à 8 jours sur 1 personne.

Bien que les gendarmes reconnaissent lors de la garde à vue et à la lecture du dossier d’accusation lui-même que les personnes ciblées ne sont pas forcément auteures des faits, le motif « en réunion » est aggravant. Il suffit à l’inculpation et peut potentiellement alourdir la peine prononcée.

L’accusation est clairement politique : nombre de questions visent le collectif Terres Communes en lui même et le dossier d’accusation confirmera cette intuition.

Un dossier d’accusation à charge

Tout porte à considérer que ce procès sera hautement politique :

Aucune enquête n’a été menée sur les participant·es à la milice, leurs motivations, la manière dont iels se sont organisé·es et les possibles délits qui leurs sont imputables.

Toutes les responsabilités portent sur les membres de Terres Communes et leurs soutiens.

Ce procès est une occasion en or pour l’État. Il pourrait permettre de faire taire l’opposition politique aux projets destructeurs annoncés sur la Loire-Atlantique, un département historiquement en lutte, faut-il le rappeler.

S’il s’agissait d’un procès équitable suite à l’affrontement de 2 parties, il devrait y avoir également inculpation des 2 parties et non d’une seule partie,  c’est donc bien un procès qui s’annonce déjà à charge envers les militant-e-s écologistes !

Si la justice prononce le 23 Mars une sentence à l’encontre de nos camarades, cette décision pourrait faire jurisprudence. Cela voudrait dire qu’aujourd’hui en France il est possible pour un groupe de personnes énervées pour x raisons d’organiser une expulsion sans décision de justice en toute impunité, voire carrément avec la bienveillance de la force publique.

Ce qui est « nouveau » dans ce cas d’école, c’est la décomplexion dont ont fait preuve les forces de l’ordre. Ce que cette posture a matérialisé symboliquement, c’est un État qui assumé de ne pas remplir sa fonction de médiation. On l’avoue, nous voulions croire que les choses allaient se passer à peu près normalement. Le commandant de gendarmerie avait ravivé cet espoir au petit matin en nous garantissant que sa brigade empêcherait les heurts. Nous imaginions être expulsé·es « dans les règles de l’art », dans le cadre d’une violence « connue », celle de la répression « classique », si l’on peut le dire comme ça. Et quand on le dit comme ça, on ne veut pas laisser entendre que la répression « classique » est normale, juste qu’on sait à peu près à quoi s’attendre…

Suite à ces événements, ce qui nous restait de confiance dans les institutions s’est tout bonnement évanoui. Nous avons eu la démonstration éclatante de ce que l’on a coutume d’appeler « l’État de droit ». Le message est passé très clairement : Nos vies ont si peu de valeur aux yeux de cet État qu’il n’a pas hésité à les mettre en péril. Il n’a pas non plus hésité à exposer la partie adverse au danger. Si parmi les blessures physiques la plus grave est un doigt luxé pour une des parties plaignantes, c’est à celles et ceux d’entre nous qui ont su garder leur sang froid que tout le monde le doit.

Si l’un·e d’entre nous était passé·e sous les roues d’un tracteur (rappelons que ça a failli arriver plus d’une fois durant cette journée), aurait-on désigné dans nos rangs un responsable de la dégradation d’un outil de travail en y accolant la mention « en réunion » ?

Si une peine est prononcé à l’encontre de nos camarades, ce serait la reconnaissance par la justice, censée représenter l’Etat de droit, que la loi peut être bafoué si elle sert les intérêts des autorités et d’intérêts privés. Et que les forces de l’ordre pourront être les simples supplétives d’une action milicienne, tandis qu’elles sont censées être les seules ayant autorité d’intervenir, qui plus est suite à une décision de justice.

En somme, condamner nos camarades aujourd’hui serait reconnaitre que la justice n’est pas indépendante en France et sert les intérêts des autorités et intérêts privés, quitte à ce que cela bafoue la même loi dont ils se pavanent actuellement pour nous inculper pour une simple manifestation.

Bien que nous ne croyons guère en cette justice qui protège souvent les intérêt privés, n’inculpe quasiment jamais les forces de l’ordre lors de violences policières et prononce souvent des charges lourdes contre des personnes militant pour notre avenir commun (mais attaquant les intérêts privés souvent liés aux intérêts de l’Etat…)

Il en est ainsi aujourd’hui, dans la presse, dans l’opinion publique, au niveau politique et judiciaire, les militant-e-s écologistes, les zadistes qui donnent de leur temps et de leur énergie pour préserver les ressources des territoires pour l’avenir commun de ses habitant-e-s se font stigmatiser, brutaliser, réprimés, à une époque pourtant où les rapports scientifiques nous alertent de l’urgence de stopper toute bétonisation, de revoir notre consommation énergétique et d’eau. Mais nous sommes les vilains, des personnes violentes, des pilleurs de jardins et de maisons (propos entendus de la part d’habitant-e-s de Saint Père en Retz le 20 Juillet), des squatteurs de terres agricoles… Triste et dangereuse époque !


De l’incohérence totale du dossier d’accusation

Un des 4 inculpés pour le procès du 23 Mars s’est vu notifié à la fin de sa garde à vue l’abandon de l’accusation la plus lourde (il lui reste celle d’occupation illicite du terrain), le procureur l’ayant retiré parce qu’il aurait cette journée là apaisé la situation. Preuve que l’accusation de violences volontaires en réunion avec menace ou port d’une arme n’est basé sur rien, qu’elle est clairement politique visant à inculper principalement des membres actifs ou anciens membres actifs du collectif Terres Communes (3 des 4 inculpés).

Par ailleurs, un témoignage d’un des agriculteurs présent ce jour là dans la milice, témoignage mis dans le dossier d’accusation, disculpe complètement 2 des inculpés des faits de violences. Preuve supplémentaire s’il en est d’une accusation politique…

Les témoignages dans le dossier d’accusation reconnaissent de plus que les miliciens étaient venus ce jour là pour au minimum épandre du lisier pour nous empêcher de nous installer. Or, nous étions déjà installés et la milice le savait bien ! Sur quelle situation aurait pu alors déboucher la venue des trois tracteurs avec tonnes à lisier à part sur une destruction de tout le matériel présent et une mise en danger des bénévoles préparant le festival ?!

Les témoignages rassemblés dans le dossier d’accusation affirment également qu’ils n’étaient pas venus pour la confrontation et que nous étions les seuls agresseurs. Pourtant ils témoignent eux-mêmes que lorsqu’une partie des militant-e-s sont venus à leur encontre pour les bloquer au milieu du champ du projet du Surf Park à un portail, il n’y a pas eu d’affrontement et bien discussion dans un premier temps. Ils s’inculpent d’ailleurs eux-mêmes sur le fait qu’ils étaient bien les agresseurs puisqu’ils mentionnent le fait que nous les bloquions juste au portail sans violence et que c’est eux qui ont tout fait pour forcer le barrage et s’en réjouissent par ailleurs d’avoir réussi ! Si ils étaient effectivement venus sans idée de confrontation et/ou d’intimidation, ils ne nous auraient pas foncé dessus avec les tracteurs en forçant le barrage improvisé !

Et ce ne sont que quelques éléments du dossier qui auraient suffi avec un œil attentif et objectif à ne pas inculper les camarades ou alors à emmener les deux parties (milice et camarades) au tribunal ! Mais le procureur, représentant de l’Etat, a bien eu une volonté de faire taire la contestation légitime à la destruction des ressources du territoire, protégeant ainsi une milice et des intérêts privés tout en sachant pertinemment que les autorités étaient également responsables ce jour-là de cet affrontement en ayant laissé passer la milice et n’intervenant également pas lorsque les deux parties se sont rencontrées !

Les camarades ne voulaient en aucun cas d’un affrontement le 20 Juillet 2019 et la plupart ont subi un traumatisme ce jour là. La justice entendra-t-elle raison ? Malheureusement un juge s’appuie dans un 1er temps sur le dossier d’accusation (qui est complètement à charge contre les camarades) et il ne reste que le temps du procès pour en démonter toutes les incohérences et mensonges de la part des autorités et de la milice.

Bientôt en France, le retour de groupes de gens expulsant les occupations d’usines, de places publiques, de blocages de routes et autres actions visant à défendre nos droits, l’avenir de notre planète et notre avenir commun, avec l’assentiment de l’Etat ?!

Face à ce relent plus qu’inquiétant des années 30, à la montée de la stigmatisation/répression envers les militant-e-s et à l’impunité d’actions miliciennes qui montent en puissance en France (A Sivens, Brétignolles, sur le dossier des bassines, dans des expulsions de squats par des groupes violents,…,) la solidarité est une de nos dernières armes !

Venez nombreuses et nombreux soutenir les opposant-e-s au projet du Surf Park inculpés !

Le mardi 23 Mars 2021 au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire (77 Avenue Albert de Mun) à partir de 13h pour un pique-nique de soutien et un rassemblement de soutien à partir de 14h

Face au terrorisme d’Etat, à la terreur milicienne et au recul de nos libertés d’action malgré l’urgence écologique et climatique, mobilisons-nous !

Plus d’infos sur notre lutte contre le projet de #SurfPark par ici : https://terres-communes.zici.fr/opposition-au-projet-de-surf-park-de-saint-pere-en-retz/

Si vous avez été présent le 20 Juillet 2019, dans Saint Père en Retz et que vous avez été témoins de scènes de violence, d’intimidations et/ou de menaces, vos témoignages officiels avant le procès sont également les bienvenus !

Contact : terrescommunesretz@gmail.com

En « bonus », deux podcasts enregistrés quelques jours après le 20 Juillet 2019 qui rappellent pourquoi nous nous battons avec autant de détermination contre un projet tel que le projet de Surf Park, avec un retour également sur la journée du 20 Juillet 2019 :

[1]Durant la lutte anti-aéroport, des paysans ont été poursuivis pour violences avec armes par destination (leurs tracteurs) : https://www.lafranceagricole.fr/actualites/notre-dame-des-landes-le-proces-de-trois-agriculteurs-pour-violences-renvoye-au-23fevrier-1,0,392466973.html

N.B : Image mise en avant issu d’un post de Nantes Révoltée en Juillet 2019 en soutien à la lutte contre le projet de Surf Park

2 commentaires sur “#SurfPark : IMPUNITÉ D’UNE MILICE ET INVERSION DES RÔLES avec inculpation des victimes – Récit du 20 juillet 2019 et du précédent dangereux qu’il créé en France

  1. Bonjour,
    Je viens de finir la lecture de votre exposé des faits. Je suis sidérée !
    Alors que nous savons tous qu’il est urgent de protéger nos espaces de vie, certains groupes financiers ne voient que leurs intérêts privés et les défendent contre tout bon sens et contre l’intérêt suprême de l’humanité.
    Quand il n’y aura plus de terres agricoles, on mangera du béton ? La bétonisation des terres impêche l’eau de rejoindre les nappes phréatiques et provoque des inondations. Tous ces projets toxiques sont conçus par les appétits financiers d’irresponsables qui se moquent des conséquences désastreuses pour l’avenir de la planète, de notre pays et de nos enfants. Pour faire valider leurs projets, ils font miroiter des emplois et du chiffre d’affaire pour la commune.
    J’espère que ce projet inutile et futile sera abandonné. J’ai le même espoir et souhait pour le projet destructeur du port de Bretignolles : abandon !

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